Journal de René au Taïkaï de Kyoto

Premier jour (24-04-2008) Rêve ou réalité ? 8 heures : atterrissage sur l’île de Kensai, île artificielle, véritable exposition architecturale de la technologie nippone.

10 heures : arrivée à l’hôtel Ana. Rien à redire, les hôtesses sont charmantes et serviables avec en plus la politesse expansive de leur pays, ce qui ne gâche rien. Nous profitons de notre liberté qui sera réduite dans la semaine, au vu du programme chargé que nous ont concocté les Japonais. Visite sous la pluie, parmi les cerisiers en fleurs qui tout doucement se déplument, comme bon nombre d’entre nous. Cela ne fait rien, nous ne rêvons pas, nous sommes au pays des Samouraïs. Pour beaucoup l’émotion n’est pas feinte, nous foulons le sol sacré des derniers chevaliers, des hommes pour qui le mot « Honneur » signifie encore quelque chose… Demain, oui, demain, nous allons vivre ce que des milliers de pratiquants sincères voudraient vivre, nous allons pratiquer devant le monde des guerriers, et cela, dans le saint des saints, pour l’honneur…

Deuxième jour. Petit déjeuner à l’américaine, Maria aurait adoré, une table de cinquante mètres qui déborde de tant de choses, avec des couleurs vives, des parfums… et… encore des millions d’humains qui eux n’ont rien… cela ne nous a pas égoïstement empêché de manger. Départ à l’heure des bus, c'est-à-dire avec dix minutes d’avance vers le Dojo, râles des Français qui, organisés, comme d’habitude, font les frais des remontrances nippones qui expliquent devant un auditoire interrogatif et sceptique que la politesse oblige à arriver avec une avance d’au moins 20 minutes. Dans la grande salle de réception et d’entraînement, 46 pays sont mis en place, alignés comme pour la parade, derrière leur drapeau. Intense émotion, l’hymne japonais est joué, les discours de bienvenue et d’organisation se suivent, et… bien souvent… Il y eut des larmes non feintes. Les silences sont éloquents, les présentations respectueuses et la fierté d’appartenir à une école présente nous étreint. Maître Maroteaux est présenté au comité des anciens et des personnalités, toutes Samouraïs. Le grand chambardement va pouvoir commencer. Midi… Déjeuner… ouap! ouap ! C’est beau, et c’est même bon… je ne sais pas si ce sont des sucreries ou des pâtisseries ou du poisson… mais selon ma devise… survivre toujours… et puis quand on a faim ! 13h : entraînement… d’abord les karatékas, puis le judo, puis l’aiki et enfin tout le monde contre, ou plutôt, avec tout le monde… étonnement des judokas qui reçoivent une tarte, stupéfaction des aikidokas qui ne peuvent saisir les karatékas, rigolades des Maroto-ha qui s’adaptent, etc... , c’est dans des moments comme cela que l’on constate l’efficacité d’une école.16h : fin de la première journée avec soulagement, pour certains le décalage horaire commence à se faire sentir, moi, du haut de mes 48 ans, ça va, je dirai même bien. Ouais!! Je rajeunis… Ce soir : découverte de la ville, monuments anciens, Kyoto, c'est le Versailles historique des shoguns. Regards approbateurs et circonstanciés devant le savoir-vivre et la finesse de certains Européens. Cela fait plaisir de remarquer que l’on a un peu d’éducation.

Troisième jour, 8 heures. Bus, on arrive à être à l’heure ; vous voyez, quand on a compris, cela va tout seul! Entraînement, mise en place pour la cérémonie ; explications aux participants choisis pour la démo : simple, vous restez naturels, vous attaquez et vous vous défendez. Normal pour des Gaulois.12h : on déjeune, c’est toujours aussi beau … 16h : fourbus, mais contents, on rejoint notre hôtel avec un bus qui part toujours à l’heure, c'est-à-dire en avance…. Ce soir un peu de tourisme ou dans un magasin, je parle allemand avec une Suissesse qui y travaille ; des touristes sont persuadés que je parle japonais… Hé… Hé…

Quatrième jour, 8h : Bus… Hé oui en avance… Journée du iai, démo et passage de grades devant des experts de toutes écoles. Journée du jo, démo et essai des néophytes ; pas toujours évident. 16h : Re-bus, devinez ? Hé… hé…

Cinquième jour. Coup de bambou, le décalage se fait sentir, il ne fallait pas se foutre des autres… Je ne vois même pas les techniques ; vivement midi, c’est si beau !(heureusement, le soir, le dîner est somptueux Et la bière très bonne.) 14h : nous commençons notre entraînement au plus vieux JU JUTSU du Japon, le Maître est compréhensible, humain, chaleureux et efficace. Et puis, la tuile, un infarctus sur le tatami… un Français, encore jeune. Je le regarde, des gens de chez nous sont intervenus, bouche-à-bouche, massage, intervention rapide du SMUR japonais, défibrillation… échec à ce moment-là, je ne parie pas un bouton de culotte sur sa vie, il est tout bleu et cela ne présage rien de bon… départ pour l’hôpital. Maître Hamada nous demande, dans un silence respectueux, de prier chacun dans notre religion ; nous sommes des chrétiens, des juifs, des musulmans, des bouddhistes, des athées et, miracle, nous prions. Oui, dans ce temple dédié aux arts de la guerre, des hommes prient dans l’honneur, pour la survie de l’un des leurs. Et, miracle, on vient de nous apprendre que le cœur, après 30 minutes d’arrêt, est reparti. Mais dans quel état sera-t-il s’il sort de son coma ? (Après 72 heures de coma, il est revenu à lui, et n’a aucune séquelle… que dire ? Sinon merci aux secouristes français et japonais qui lui ont permis de vivre, grâce à leur intervention.) 16h : et oui ! Le bus et son éternelle exactitude. Ce soir, repas de gala, avec grande tenue et tout le toutim ; mais ce n’est pas pour me déplaire, il me plaît de temps en temps de fanfaronner en cravate, en picorant et devisant, comme si mes développements devaient changer le monde ; une coupe à la main…

Sixième jour. C’est le grand jour, nous allons, devant toute cette assemblée, montrer ce que nous pratiquons. Oui ! Nous l’avons fait ! Je ne sais si j’étais bien… mais je l’ai fait. Retour au bus, etc... 

Septième jour. Journée honorable, notre Maître a enfin reçu la reconnaissance de ses efforts, certains reçoivent une récompense, les anciens estiment qu’ils la méritent. Le soir, grand dîner de gala, vous verrez les photos très émouvantes et marrantes ! Il faut bien le dire, les boissons étaient à volonté, ce qui délie les cœurs et les langues.

Le lendemain : départ sans petit déjeuner (trop tôt). Reverrai-je le pays du Soleil Levant, avec ses matins qui chantent ?

Informations

L'Aïki Metz est une école d'arts martiaux traditionnels japonais.

Gymnase de l'abbé Risse, 7 rue d'Enfer, Metz, France

Tel : 06 72 61 28 47

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